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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 21:53

La maîtresse n'en peut plus. Fatigue. Ras-le-bol. Et questionnements ...

Voilà des semaines que j'attends ces vacances, véritable oasis au milieu de ce qui ressemble à une traversée du désert.

Et si ce job n'était pas pour moi ? Et si je n'avais pas les épaules pour porter ça ? Et si ... et si ...

Il y a des phrases qui parfois sortent ici et choquent. Et il y a celles qui feraient mieux de ne jamais sortir devant les enfants, ou leurs parents. 

Mais si elles sortaient quand même ? Seraient-elle le reflet du fond de ma pensée ou celui d'un état d'esprit passager ? Je ne sais pas. Peut-être que si mes collègues, mes élèves, mes parents d'élèves savaient, je me sentirais plus légère. Peut être que si je retrouvais la complicité naturelle que j'ai toujours eue avec les enfants, au delà de toute relation d'enseignement, je n'aurais plus ce nœud au ventre au moment de monter dans ma voiture pour aller bosser. Peut être ...

 

"Oui Gilbert, je t'entends hurler mon prénom à l'autre bout de la classe, mais je n'ai pas envie de te répondre, je préfèrerais que tu viennes jusqu'à moi. Ou que tu te taises."

"Tu m'énerves Gilbert. Je ne sais pas comment faire avec toi, peut être parce que tu me renvois que ma séance n'a pas vraiment de sens pour toi, ou que tu t'en fiches de ce que je te raconte sans grande conviction. Il parait que les collègues font ça, ça doit être bien pourtant."

"Gilbert !!! Ca fait dix fois que je dis ton prénom depuis 8h30 ce matin, alors qu'il est à peine 9h. J'en ai déjà marre et il nous reste 6h à faire ensemble. Je vais criser là. Chut. Tais toi. Je n'en peux déjà plus de toi. Oh rassure toi, tu n'y es probablement pas pour grand chose. Même si ton comportement est souvent légèrement énervant. Je m'énerve facilement en ce moment."

 

Alors je me tais. Je ravale mes larmes en partant au boulot. Je me ferme aux remarques desobligeantes qui pourraient me faire craquer. Et je sors mon masque "maîtresse souriante" pour tenter de donner le change devant les parents, les enfants, les collègues. 

Parfois, le masque se fissure, heureusemnent, je suis souvent la première à le sentir, alors je m'isole, je pleure un peu, et après, ça va mieux.

 

J'ai envie de tout foutre en l'air.

 

Il y a 10 ans, je ne rêvais que de ce que j'ai aujourd'hui. Une classe, des maternelles, une équipe sympa, et des petits bouts à la maison beaucoup plus sympas que ceux de l'école, bien sûr. 

Aujourd'hui, je suis contente de ne pas trouver d'enfants à la maison en rentrant, parce que je crois que je serais désagréable avec eux. Qu'est ce qui a changé ? 

Je ne sais pas.

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commentaires

L
Chère Ninoche, ça aidera pas mais je t'envoie plein de courage. Je crois que de nos jours le monde enseignement traverse une crise et un malaise, mais que nous, instits et profs, sommes sans doute<br /> les seuls à percevoir.<br /> La réalité est dure, très dure, pourtant tu as déjà de l'expérience. Se questionner est je pense normal, j'ai connu ça l'an dernier, la déprime, la remise en cause de ma "vocation", les larmes, la<br /> boule au ventre avant d'aller au boulot. Aujourd'hui je veux continuer dans l'enseignement ; est-ce que j'y passerais toute ma vie, je ne sais pas, et seul l'avenir nous le dira.<br /> Profite des vacances pour faire le point, facile à dire je sais, mais ça aide vraiment de cogiter au final.<br /> Et pareil pour les enfants, à l'heure actuelle je n'en veux pas, quand je vois ceux auxquels j'ai parfois à faire à l'école, ben j'ai pas envie de me reproduire.<br /> Allez, des bisous et du courage !
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N
<br /> <br /> Merci à toi ! Ca aide quand même, de savoir qu'on est pas seule à traverser ce genre de "crise".<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> <br />
C
Je ne suis qu'une petite étudiante de 19 ans qui souhaite devenir professeur des écoles depuis qu'elle a trois ans, donc peut-être que mon avis ne paraîtra pas important.<br /> Votre article traduit un vrai mal-être que toutes les institutrices que j'ai rencontrées m'ont raconté. Beaucoup de professeurs des écoles vivent cela au moins une fois dans leur carrière.<br /> Je pense que vous devriez en parler avec vos collègues, ou alors une (ou un) en qui vous avez particulièrement confiance. Garder tout cela pour vous serait une erreur je pense.<br /> Vous pouvez aussi changer de niveau, peut-être ? Les maternelles demandent effectivement beaucoup d'énergie. Des enfants plus âgés (donc plus mûrs, en théorie) pourraient vous permettre de vous<br /> "reposer".<br /> En tout cas, je vous souhaite bon courage. Reposez vous, faites le vide, et rappelez vous que votre situation est très commune dans ce métier.<br /> Ne gardez surtout pas ça pour vous, parlez-en.<br /> Courage. =)
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N
<br /> <br /> Merci ! Les vacances ont aidé, je repars armée de ce que j'ai fait, et on verra bien, pourquoi pas envisager un changement de niveau si la maternelle continue de me peser tant. Mes collègues ont<br /> conscience que je suis en difficulté, je ne suis pas seule, ça m'aide !<br /> <br /> <br /> Merci à vous et bon courage dans vos études !<br /> <br /> <br /> <br />
C
Ce qui a changé ? Le passage du rêve à la réalité. C'est pas forcément moins bien, mais c'est toujours différent, et du coup faut le temps de se faire à l'idée.<br /> Mon frère est prof et les premières années ont été assez dures, antidépresseur et autres. Il sortait de l'école tout motivé plein d'idéaux, et il a dû réajuster tout ça, revenir à des objectifs<br /> plus réalistes... Maintenant ça va tout bien.<br /> Alors je te souhaite aussi de vite sortir de cette passe sombre... Et de bieeen profiter de tes vacances ! :-)
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