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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 20:57

Certains n'auront pas manqué de le remarquer, je parle dans mon dernier article de mon stagiaire. Et oui UN stagiaire. En école maternelle, ça n'arrive pas tous les quatre matins. 

 

Au départ, je me disais que tiens ça change un peu. Il faut dire que dans l'école, les enfants attendent le CM1 avant de croiser un homme dans leur scolarité. 

 

Et puis Christophe est arrivé.

 

Bon, bien sur, comme tous les stagiaires, je l'avais croisé dans un couloir, le jour où il est venu visiter l'école. Genre pile au moment où j'ai 28 gamins à habiller pour sortir en récréation, et un à changer pour cause de "petit accident" (Et pourtant je te jure, il n'a pas l'air petit l'accident quand t'as les mains dans la merde à 10h). Genre j'ai dit "Bonjour" et j'ai tiré le mioche fautif par le bras en le grondant un peu parce que quand même faut pas pousser, à l'école quand t'as envie de chier tu demandes à aller aux toilettes.

 

 

Quand il a débarqué dans la classe déjà, j'ai tilté sur son petit look camionneur avec une boucle d'oreille.

 

Et puis il a commencé à agir. Et là, en quelques heures, je n'avais déjà qu'une envie, que son stage se termine. Vite.

 

Christophe se passionne pour les enfants. Cool. Mais il est pas fichu capable, même au bout de 2 semaines à temps plein avec les gamins, de se souvenir de leurs prénoms. "Euh Gilbert ... ah non mince .... Germain ? .... toujours pas .... euh  ... Hep toi là bas !"

 

 

Christophe découvre le milieu scolaire. 

10h - Moi : "J'ai fait des photocopies pour la semaine prochaine, ça serait bien que vous puissiez découper les étiquettes pour lundi" - Lui "Ah ok cool, j'vais apporter un truc qui coupe deux feuilles en même temps, j'en ai un dans ma maison." 

Merci Christophe, ça s'appelle un massicot et on a ce qu'il faut ici et même que le notre, comble du luxe, peut couper plein de feuilles.

 

 

Christophe fait preuve d'un esprit d'initiative à toute épreuve. 

11h15 - Moi : "Oh punaise on est à la bourre, Christophe tu veux bien gérer l'atelier dessin ?" Lui : "Oui oui d'accord. Alors euh ... Germain ? Ah non, c'était Gilbert, tu veux quelle couleur de feuille ?" MAIS ON S'EN BRANNNLE ! BOUGE TOI LES FESSES DANS 20 MIN FAUT QUE CE SOIT RANGÉ"

 

 

Et surtout, surtout, Christophe, qui après une carrière de carrossier, se destine à être homme de ménage et aidant aux familles, a une notion du ménage très, très personnelle.

16h - Moi : "Christophe, tu peux t'occuper du ménage pendant que je surveille la cour ?" Lui : "Oui oui, pas de soucis !"

Christophe nettoie les tables avec des lingettes pour bébés. Christophe ramasse les grosses bouses décollées des chaussures des enfants à la main. Christophe ne secoue les tapis que quand une grosse bouse a séché dessus et qu'il n'arrive pas à la décoller avec ses mains. Christophe ne pensait pas que passer le balais c'était faire le ménage. Christophe ramasse la poussière tous les 2m2 balayés. 

 

 

Et pour couronner le tout, Christophe fait preuve d'une autorité délirante. "Amanda, si tu continues à sauter sur ta couchette pendant la sieste, je vais me fâcher pour de vrai hein" 

 

 

Son stage se termine Vendredi ! Encore un qui va m'aider à apprécier mon week-end !

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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 20:57

Aujourd'hui, mes élèves se sont assurés que leur maîtresse serait contente de partir en week end.

 

 

Et ils s'y sont tous mis, ou presque.

 

 

Tout a commencé, ce matin, de bonne heure. Les gnomes arrivent les uns après les autres, et, tranquillement surexcités, redemandent pour la 15è fois de la journée :"Hein Maîtresse c'est aujourd'hui qu'on va voir l'essssssposition ?" (et vas y que je te crache ma bronchite à la goule) "Oui les enfants, c'est aujourd'hui, mais calmez-vous sinon je vous explose la tronche aux ciseaux à bouts ronds"

 

Dans mon équipe, tous les gamins que je ne peux décemment pas confier à des parents sans leur pourrir la journée (et potentiellement détériorer mes relations avec eux) :

 

- Hector dont j'ai récemment appris qu'en fait il ne parle pas du tout français chez lui. Merci papa merci maman, ça aurait été cool de me prévenir légèrement plus tôt, mais oui, ça aurait cassé le suspense.

- Simon, qui adoooooore qu'on prononce son prénom, même si c'est pour gronder, et qui nous gratifie d'un grand sourire chaque fois qu'on hausse le ton genre "Simon, pour la 150è fois de la matinée, arrête de sauter partout quand tu marches, je te rappelle que tu as une maîtresse au bout du bras."

- Kevin, qui est dans une période faste. Une punition par récré, environ, pour bagarre. 

- et Anne, la petite nouvelle qui pleure toutes les 2h pour retrouver sa maman.

 

 

9h10 : OK, ils sont tous habillés, pas forcément avec les bons bonnets, écharpes et autres gants à mille doigts, mais ça ira. J'attrape Hector dans ma main gauche, et Simon dans la droite. Kevin donne la main à Hector et Anne à Simon. Je ferme la marche de la classe, histoire d'en pousser discrètement un sous les roues d'une voiture de vérifier que personne ne songe à la fugue au cours du trajet.

 

 

9h30 : Nous arrivons à l'exposition, à priori au complet. Les enfants enlèvent leurs vêtements et s'assoient autour de la sculpture présentée : Un arbre fait en matériaux de récupération : écorces, tubes métalliques ...

 

L'animatrice est super, les enfants sont captivés. Sauf Kevin, plus intéressé par son copain Antoine, intentionnellement assis à l'autre bout du groupe, que par la gentille dame qui baragouine devant lui. 10 fois, minimum, pendant l'explication, je rattraperai Kevin par le bras pour le forcer à s'asseoir et à abandonner ses plans.

La visite se termine par une histoire, Kevin pleure dans un coin, puni, à l'écart du groupe : siouper !

 

 

Le voyage de retour vers l'école se passe globalement bien. J'assiste à l'étalage de Matéo dans une flaque d'eau, mais c'est le groupe devant nous, et la maman en charge du groupe gère ça nickel. On continue. Simon a décidé de jouer à "Un, deux, trois, on saute" Tout seul. En arrivant à l'école, j'ai le bras droit plus long de 3cm au moins.

 

 

Les gnomes se défoulent un peu sur la cour avant de rentrer en classe "le plus doucement possible pour ne pas déranger les enfants qui travaillent". Kevin a décidé de rentrer en tapant des pieds le plus fort possible. Je décide de l'envoyer finir la matinée dans la classe des tout-petits. Je savoure ma victoire quand il se met à pleurer. (Niark niark niark, je l'aurai, un jour, je l'aurai)

 

 

Les gnomes s'asseoient en classe et on chante une petite chanson avant de partir en ateliers. Tanguy a décidé de chanter "Au clair de la lune" à la place de "Dans sa maison un grand cerf". OK, normal.

 

 

Nicolas est assis tout seul sur le banc. Genre blanc comme un linge. Genre OK, je pète la forme avec 39°C de fièvre. Cooooool.

 

 

La suite de la journée se passe. Relativement sans encombre. Les 3/4 de la classe sont à la sieste et je dis bien à la personne de surveillance de les laisser dormir looooongtemps. Manque de pot, ils sont tous réveillés à 15h. Oh joie.

 

 

15h45 : Allez tout le monde dehors, ça vous raffraichira les idées.

 

 

16h : Petite tape sur la jambe : Justine : "Maîtresse j'ai fait pipi dans ma culotte !"

 

16h10 : Justine ressort sur la cour changée, et lavée. Je regarde ma montre en me disant que dans 30 min je suis en week end.

 

 

16h15 : Je vois passer Tanguy devant moi. Pantalon mouillé jusqu'aux genoux. Je l'attrape par la manche et lui demande ce qui s'est passé. "Et ben on a joué à la douche sous la gouttière." Moi : "Qui ça ON ?" Lui "Ben Thomas et moi" 

OK coooool tout baigne. Je gèèèèèère !

 

16h30 : Tanguy et Thomas sont changés et séchés. J'appuie sur le bouton du lecteur CD qui va se charger de raconter l'histoire de ce soir tout seul comme un grand.

 

 

16h31 : Mon regard se pose sur Alexandre. Qui a visiblement joué à la douche aussi. Je confie mes gnomes à mon stagiaire et je file changer Alexandre en pourrissant le début de l'histoire aux autres gnomes. Genre la maîtresse vous emmerde grave vous et vos fringues trempés à 15min de la sortie putain laissez moi rentrer chez moi tranquille.

 

 

16h40 : Je montre aux enfants que les pochettes de photos sont arrivées et qu'ils doivent faire attention de ne pas les abimer avant de les donner à leurs parents.

 

16h42 : Kevin a renversé le contenu de sa pochette de photos par terre. 

16h44 : J'ai récupéré toutes les pochettes et je les donnerai moi même aux parents.

 

 

17h : Ouf, ils sont partis. Ah ben le stagiaire a fait le ménage sans passer le balais. Cool. 

 

 

 

 

17h30 : Week eeeeeeeend : Merci les enfants, je sens que je vais bien en profiter là. 

 

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 06:25

Dans ma classe, donc, il y a cette petite fille franco-espagnole. Quand sur ma liste, la secrétaire de l'école avait mis "langue maternelle espagnol", j'ai hoché la tête en me disant qu'elle parlait surement aussi français.

 

 

Bon, j'ai un peu déchanté après quand le premier jour elle a pleuré toute la matinée (en espagnol, bien sur), et qu'on s'est rendu compte qu'on ne comprenait pas un traitre mot de ce qu'elle disait. Et puis la situation s'est améliorée, et la petite C. commence même à dire des phrases en français, à essayer de chanter avec nous, et à faire la foire avec ses camarades de classe.

 

 

Finalement, en classe, ça se passe bien. Le seul soucis, c'est que je ne vois jamais les parents. C'est toujours la mamie qui amène C. à l'école. Et la mamie non plus ne parle pas français. Alors on se débrouille, quand elle me parle, parfois, mon piètre niveau d'espagnol me suffit, des fois pas et je me contente de sourire, l'air un peu désolé. 

 

 

Là où ça pose problème, c'est quand moi j'ai quelque chose à dire à la mamie. Vu que je ne suis pas franchement douée en espagnol, je réserve ça pour les grandes occasions, les trucs indispensables du genre :

 

"C. tiene que ramenar el papel por el fotografo" (Traduction simultanée : C. doit ramener le papier pour le photographe scolaire)

 

 

"C. a vomito en la classa" (ai-je vraiment besoin de traduire ?) 

 

 

 

et le collector, qui fera rire tous les hispanophones :

 

 

"C. a tombado sur la teta" 

 

 

Ben oui, dans mon grand dénuement pour parler avec la mamie, je rajoute des O et des A et la plupart du temps, ça passe. Ce jour là, j'ai bien vu que la mamie avait tiqué sur la "teta" mais bon, le message était passé avec force gestes. 

 

 

Sauf que teta en espagnol, ça veut pas dire tête. 

 

 

 

Non non non !

 

 

 

 

 

Ca veut dire sein. 

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 19:54

Cher parent, débutant dans cet univers hostile qu'est l'école maternelle, écoute bien ce que je vais te dire, ça peut toujours servir.

 

 

Garder de bonne relation avec la maitresse de ton gnome, c'est important. Primordial même.

 

Imagine un peu : Toi, jeune wondermaman/wonderpapa, tu t'occupes de ton nain et même que des fois, le soir, t'es content qu'il soit au lit le nain, parce que bon, il est mignon mais il est fatigant avec ses "pourquoi" à tout bout de champ, et ses considérations métaphysiques. 

 

Alors imagine-toi un peu. La maîtresse de ton gnome, elle en a 30 comme ton gnome. Toute la journée. Tu t'y vois toi ? 

 

Bon, tu vas me répondre, et tu auras raison, que la maîtresse elle a choisi ce métier par passion pour les enfants, et tout et tout. Mais pour que la maitresse garde l'envie de s'occuper de ton gnome pendant 1 an, toi, jeune papa, jeune maman, tu peux l'aider.

 

 

 

Règle numéro 1 : l'honnêteté. 

La vérité, à peine édulcorée, à la maîtresse tu diras.

 

Exemple : Si ton gnome n'est pas vraiment propre, même si tu en as chié tout l'été pour lui faire comprendre que porter des couches c'est trop ringard et que les toilettes sont aussi tendance que la dernière palette naked de Séphora, soit honnête, dis le à la maîtresse, elle t'en sera infiniment reconnaissante de ne pas avoir ton gnome à changer trois fois par jour et ton gnome appréciera d'autant plus l'école s'il n'est pas maudit par la maîtresse à chaque pipi culotte (et plus, si affinités).

 

 

Règle numéro 2 : la politesse.

Dire bonjour, toujours, à la maîtresse tu diras.

 

Ça te parait évident ? Et bien ça ne l'est pas pour tout le monde. 

Exemple : La maman de Gisèle la dépose à l'entrée de la classe : "Allez, enlève ton manteau ma petite princesse. Tu manges à la cantine ce midi mon namour." "Ahem, Bonjour Gisèle., Bonjour Madame." "Allez bonne journée mon petit canard en sucre"

Ça fait plaisir un petit bonjour. Genre la maîtresse n'est pas juste un robot chargé de garder le petit dieu de la maison 6h par jour pendant que tu glandes comme une grosse loque ramènes plein de sous à la maison.

 

Règle numéro 3 : La communication.

Converser, au mieux, tu pourras.

 

Exemple idéal de discussion avec les parents : 

 

Maîtresse : Bonjour Gilbert, Bonjour Monsieur/Madame.

Gilbert : Bonjour Maîtresse !

Papa/Maman de Gilbert : Bonjour Madame ! Nous voulions vous signaler que Gilbert vient de perdre son poisson rouge, malgré son grand chagrin, il a eu le courage de nous demander de venir à l'école ce matin. Cependant, nous sommes désolés si cet immense bouleversement provoque chez lui un comportement anormal.

Maîtresse : Je vous remercie de m'avoir informé de cet événement traumatisant de la vie de Gilbert. Je saurai être indulgente avec lui aujourd'hui. Bonne journée Monsieur/Madame.

Papa/Maman de Gilbert : Bonne journée Madame, Bonne journée Gilbert !

 

 

 

Comment ça ? J'en fais un peu trop ? Mais si peu !! Et c'est tellement plus agréable d'avoir l'impression d'oeuvrer dans la même direction.

 

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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 14:59

Florilège de petites phrases cultes, entendues dans la classe :

 

Atelier de langage : Donnez moi le nom de tous les objets que vous trouvez dans la cuisine de la classe.

"Un poivrot !!" Y. 3 ans

Non non, un poivrON ! 

 

 

 

"Ma maman, elle a un petit bébé en chantier dans son ventre, il va sortir quand il aura plus assez de place." J. 4 ans

 

 

 

 

Et le petit C., croisé en stage il y a deux ans, favori de mes proches (j'ai le droit de raconter son histoire à chaque repas de famille :D)

C. vient d'avoir un petit frère. La maman de C. devait venir nous présenter le petit frère, mais finalement ce n'est pas possible. Alors j'organise une petite discussion entre C. et ses copains pour qu'il explique ce que ça fait d'avoir un mini-gnome à la maison.

 

Les copains de C. : Tu joues à quoi avec ton petit frère ?

C. : A rien, mon petit frère il fait que manger, dormir, manger, dormir !

Les copains de C. : Il mange quoi ton petit frère ?

C. : Ben au début, Maman lui donnait le pis, mais maintenant, il a le droit au biberon !

 


 
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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 21:56

Cette semaine, j'ai découvert avec consternation que la marque Playboy commercialise des fournitures scolaires. C'est tellement choupi le petit lapin aux grandes oreilles, imprimé en rose paillette sur un classeur de géographie. J'ai du mal à concevoir que des parents achètent ça à leurs enfants ... J'imagine la gamine de 8 ans qui cherche à collectionner les objets à l'effigie de la marque. 

 

J'ai aussi fait connaissance avec E., élève de CM1 que je vais suivre en soutien, et qui a besoin de plus de 5 minutes pour réciter son alphabet (ajoutez 5 minutes supplémentaires si vous souhaitez l'avoir dans l'ordre).

 

J'ai aussi tenté de communiquer avec les parents de H. dont le comportement m'inquiète particulièrement. H. crie dès que les enfants qui sont assis sur le même banc s'approchent un peu trop près de lui. H. vide quotidiennement toute mon étagère de puzzles, mécaniquement, puzzle par puzzle, il prend, il retourne, il repose le support vide. H. passe ses récréations à courir dans tous les sens, les bras tendus devant lui en poussant de petits cris de satisfaction. Et tant pis si un enfant se trouve devant lui, il pousse et continue son chemin. H. a même mordu S. qui avait laissé trainer ses mains sur le banc à coté de lui. H. ne parle presque pas, il dit Pot, Couche, et bonjour/au revoir. Mais tout ceci n'a pas l'air d'inquiéter le papa de H., qui semble plutôt surpris que ce comportement m'inquiète. Non non, les cousins qui viennent voir H. n'ont pas peur de lui. Oui il parle assez peu mais c'est parce qu'ils tentent de lui apprendre la langue maternelle de sa maman en plus du français. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ... Et cerise sur le gâteau, les parents de H. envisagent de le scolariser toute la journée à partir de Janvier. Je sens que moi aussi je vais hurler.

 

Je termine avec E. et son "Agenda du foot 2010-2011" et ce petit quizz passionnant et instructif qu'on trouve chaque semaine.

agenda.png

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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 17:15

Ce matin, mes élèves et moi avons vécu notre première sortie scolaire. 

 

Épique.

 

Récit heure par heure d'une journée de folie.

 

8h45 : La maman de A. dépose sa fille à l'école. 

Moi : Bonjour, A. a bien prévu ses bottes ? (sous entendu : vous avez bien prévu les bottes ?)

Maman de A. : Ah non, pourquoi ?

Moi : Et bien, nous avons prévu une sortie comme indiquée par la précédente communication, nous allons dans un potager cueillir des fruits et légumes de saison.

Maman de A. : Ah, ben je vais chercher les bottes de A.

 

Bon, là j'hallucine un peu, la sortie est annoncée depuis 15j. On en parle tous les jours depuis 10 jours en classe avec les gamins, qui en grande majorité, me demandent trois fois par jour : "c'est quand qu'on va mettre les bottes ?" Bref ... la famille de A. a l'air de s'en foutre grave de ce que glande la petite princesse à l'école.

*Espère secrètement que la maman de A. n'ait pas lu qu'il y a des poux à l'école et que sa petite princesse en chope*

*Se demande si la maman de A. sait lire*

 

8h46 : La maman de O., qui accompagne la sortie, arrive en me disant que T., le petit copain de O. ne viendra pas à la sortie.

Je réprime des hurlements de joie, et barre sobrement T. dans l'équipe de ma stagiaire ASEM.

 

8h50 : J'apprend que ma stagiaire ASEM est clouée au lit. 

Je réprime des hurlements de désespoir, et rajoute les enfants prévus dans son équipe aux accompagnateurs ayant le moins d'enfants.

 

8H52 : La maman de A. revient avec les bottes. A. se met à pleurer parce qu'elle veut que sa maman reste.

 

8h55 : Je demande aux enfants ayant sorti les jeux de ranger afin de pouvoir partir à l'heure.

 

8h56 : Mon directeur passe dans le couloir et nous dit que le bus nous attend en bas de l'école.

 

9h00 (heure prévue du départ du bus) : Je rappelle FERMEMENT aux enfants encore en train de jouer qu'ils n'iront pas au jardin s'ils ne sont pas prêts à temps.

 

9h03 : Je remets les bottes d'H. qui avait entrepris de s'en servir comme têtine.

 

9h15 : Nous montons dans le bus.

 

9h16 : N. se met à hurler rapport au fait que L. a un plus joli panier que lui.

 

9h20 : le bus peut démarrer.

 

9h35 : Arrivée sur place. J'aide mes élèves à descendre du bus. J'empêche H. de descendre en chaussettes, rapport à ses bottes qu'il aime sucer.

 

9h40 : Fin de la pause pipi. O. vient de s'étaler par terre de tout son long, dans une flaque d'eau. Heureusement, la maman est là, et gère.  J'empêche H. de retirer ses bottes en le tenant fermement par la main.

 

9h50 : La classe se disperse dans le potager. Je m'engage dans une allée de tomates avec mes 4 winners. Je répète tout au long de l'allée "Allez les enfants, montrez moi quand vous voyez une belle tomate bien rouge !"

 

10h15 : U. a écrasé une dizaine de tomates trop mûres et a tâché son pantalon. N. vient de déclarer qu'il a trouvé une belle tomate BLEUE. C. est resté à l'entrée de l'allée et H. est toujours fermement tenu par ma main droite. Nous ressortons de l'allée avec une tomate dans le panier de chacun.

 

10h30 : Retrouvailles avec les autres équipes pour se diriger vers le verger. N. explique aux autres enfants qu'il a cueilli une POMME. 

 

10h40 : Entrée collective dans la serre aux fraises. 

 

10h41 : H. vient de crier  "POT". Je plante mes 3 autres gamins qui dévorent des fraises pas mûres pour courir, H. au bout du bras, vers les toilettes les plus proches.

 

11h : Nous nous engageons dans une allée de pommes qui nous ramène au car. J'aide les enfants à cueillir les fruits bien mûrs qu'ils repèrent, et je leur donne pour qu'ils les mettent dans leur panier.

N. mange une bouchée de chaque pomme que je lui donne. C. et U. font la course pour arriver les premiers au bout de l'allée. H. saute dans les flaques de boues, toujours cramponné au bout de mon bras (mon pantalon te dit merci).

 

11h30 : Toute la cueillette est pesée, tous les gamins sont dans le car, assis ou presque. Le chauffeur fait la gueule, rapport à la couleur des allées et des sièges de son car. H. a repris ses bottes, parfumées aux tomates trop mûres et à la boue, dans sa bouche.

 

11h45 : Arrivée à l'école. Les parents accompagnateurs nous aident à déchausser/rechausser les enfants. On chante une petite chanson débile. On part à la cantine ou à la maison. 

 

11h46 : M., qui mange à la cantine, se promène la main dans le pantalon d'un air bizarre. Je passe devant lui genre "j'ai rien vu"

 

11h47 : M. sort la main de son pantalon, et se met à hurler.

Mes tympans ne peuvent plus faire semblant de ne rien avoir entendu.

Mes yeux découvrent horrifiés la couleur marron des mains de M qui s'empresse de s'essuyer sur son pull en cachemir.

Mes narines découvrent horrifiées l'odeur qui se dégage de ce bel ensemble.

 

11h50 : Je tente d'aider M. à se déshabiller dans les sanitaires. Je le lave de la tête aux pieds, le change, l'envoie à la cantine, nettoie toute la merde qu'il a fichue par terre.

 

11h55 : Je m'assois sur une chaise. J'ai faim. J'ai de la merde sur l'épaule ("NOOOOON !!! M. tu te tiens partout où tu veux, mais pas sur mon gilet !!!"). 

 

JE VEUX MA MAMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !!!!

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 15:52

Ce qui me sidère toujours, avec les petits, c'est leur capacité d'abstraction de tout ce qui peut se passer autour d'eux. Quand à la fin d'une activité on se regroupe, certains s'assoient machinalement, et entrent dans leur bulle. Et ça donne des choses assez surprenantes. 

 

 

T. qui se balance d'avant en arrière, en disant "Ba" à chaque fois que ses mains touchent le sol. Grosse surprise et grosse peur quand un enfant qui passe un peu trop près se cogne à T., le sortant violemment de sa bulle.

 

 

S. qui chante, alors que tout le groupe attend le silence (enfin, surtout moi). Sursaut quand j'ose rappeler à S., en haussant le ton un peu, que nous attendons le silence pour écouter les consignes des ateliers.

 

 

C. et R. les petits jumeaux, qui se construisent parfois une bulle commune tellement opaque qu'il faut s'approcher d'eux pour les en sortir.

 

 

Et B, qui ce matin n'a pas trouvé gênant de baisser son pantalon et son slip pour uriner au beau milieu du préau de la cour de récréation, sous les yeux ahuris de ses camarades de classe ... et de la maîtresse.

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18 septembre 2010 6 18 /09 /septembre /2010 13:07

Oui, toi, qui débute dans l'univers impitoyable de l'école maternelle, voici quelques recommandations qui pourront t'aider à survivre dans cette jungle aux règles et comportements obscurs.

 

 

Tout d'abord, jeune wondermaman au travail prenant, évite d'amener ton wondergnome à l'école s'il est malade. 

Parce que quand ton gnome est malade, il ne se lave pas les mains au gel hydroalcoolique à chaque fois qu'il éternue. Des fois, même, il essuie le petit filet de morve qui coule de son nez avec la manche de son pull en cachemire.

Et puis, le gros rhume de ton gnome, il est contagieux. N'ouvre pas ces grands yeux ébahis, et crois en l'expérience de la maîtresse, quand ton gnome vient avec son gros rhume fièvreux à l'école, et que tu lui demandes (pour montrer que tu es une wondermaman avec des wondergnomes trop polis) de dire bonjour à la maîtresse, ben la maîtresse, qui ce jour là aura une vingtaine de bisous enrhumés, risque fort de tomber malade.Et là, c'est tous les parents de la classe qui devront trouver une solution de garde pour leur gnome.

Ne fait pas comme une maman., cette semaine, qui m'a fait déposer une lettre par la nounou expliquant que sa petite princesse avait été malade toute la nuit, et que pour éviter des accidents dus à sa gastro, a préféré lui mettre une couche pour sa matinée d'école (mais quelle générosité que de partager la gastro de ton wondergnome avec la maîtresse !!).

 

Alors, wondermaman, oui, je sais, ton patron va pas être content content, mais qu'est ce qu'une journée de congé enfant malade au regard de l'immense reconnaissance de la maîtresse de ton gnome.

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 18:49

J'ai remarqué, depuis jeudi, que je développe des compétences inattendues en langues étrangères.

 

 

D'abord, il y a C., ma petite espagnole qui parle mal le français qui répète régulièrement à qui veut l'entendre "me voy à mi casa" = je vais à la maison, j'ai eu du mal à décrypter au départ, reniflement de morve, et sanglots brouillaient un peu le signal, mais c'est bon, maintenant je parle le C. couramment. Ce qui est loin d'être le cas avec la grand-mère de C.. Cette charmante mamie espagnole vient chercher C. tous les jours, et l'emmener presque aussi souvent. Elle ne parle qu'espagnol et est ravie que je puisse lui dire, dans sa langue maternelle, que sa petite fille a pleuré beaucoup à l'école ce matin. Du coup, elle me parle beaucoup beaucoup .... beaucoup trop pour mon piètre niveau d'espagnol ! Alors je hoche la tête, en espagnol, et la mamie de C. est contente. Je gère grave la communication avec la famille de C. !!

 

 

Ensuite il y a H.. Le H. se parle très facilement. H. ne prend la parole que pour dire "POT !" ou "COUCHE !" ou encore "PAPAAAAAA". Dans les deux premiers cas, il faut être très réactif. Dans le dernier cas, il vaudrait mieux être sourd.

 

 

Il faut aussi apprendre le N.. N. a fait déjà un an de petite section et a un langage très particulier. En pratique, quand on commence à maîtriser, une conversation avec N. donne à peu près ça :

N. : "Maman la po té le ca ta maisooooon !"

Moi : "Ah bon, N., ta maman a rapporté ton cartable à la maison ?"

N. : "Mé ca co bou né la fo"

Moi : "Ah d'accord N., tu as besoin de ton doudou pour faire la sieste, va le chercher !"

 

Ca parait assez obscur comme ça, mais c'est plutôt répétitif comme langue, le N. .

 

 

Il y a enfin le J. qui est une langue plutôt universelle. J. parle tout le temps. Et ce n'est pas une façon de parler, les seuls moments où J. arrête son flot ininterrompu de paroles sont : Quand je viens de le gronder, pendant environ 10 secondes consécutives, quand J. reprend son souffle, quand il a quelque chose dans la bouche, quand il dort.

Mes conversations avec J. ressemblent donc à ça :

J. : et alors ma maman mon petit frère et moi on est aller manger et ensuite ... (imaginez la suite)

Moi : J. tu nous déranges ! Nous avons du mal à entendre l'histoire que je raconte.

(10 secondes de silence consterné)

J. : mais je t'ai pas encore raconté que cet été avec mamie Jeannine ....

 

 

Je pense que d'ici quelques semaines, je pourrai rajouter le N., le J., le H. et le C. sur mon CV dans la rubrique langues étrangères !

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